Short Description
Nous espérons certainement que Dieu nous pardonne aussi nos péchés majeurs, mais comment l’obtenir ?- Renoncer au péché.
- Regretter de l’avoir commis.
- Prendre la ferme résolution de ne plus y revenir.
- Réparer le préjudice commis, si le péché a lésé quelqu’un.
Les péchés majeurs nécessitent un repentir particulier. Si nous voulons sortir du Ramadan lavés de tout péché, si nous voulons que ce Ramadan soit le plus beau Ramadan, voire que Dieu change nos mauvaises actions en bonnes actions : « sauf ceux qui se seront repentis et auront cru et fait le bien ; ceux-là, Dieu transformera leurs mauvaises actions en bonnes actions : Dieu est pardonneur et plein de miséricorde » (sourate 25, al-Furqân, verset 70) – nous espérons certainement que Dieu nous pardonne aussi nos péchés majeurs, mais comment l’obtenir ?
Ces péchés majeurs nécessitent un repentir particulier. Il s’agit de prendre conscience des fautes graves que l’on a commises, d’y renoncer et d’en éprouver du remords, puis de prendre la ferme résolution de ne plus les répéter, avec l’aide de Dieu. Si quelqu’un a été lésé du fait d’une faute grave que l’on a commise, il faut également réparer ce préjudice.
Toutefois, l’obstacle principal au repentir des péchés majeurs réside dans le fait que l’être humain tend à refuser d’admettre avoir commis une faute grave. Il pense que les péchés majeurs sont seulement l’idolâtrie, le meurtre, le vol, l’adultère, la consommation d’alcool, la sorcellerie et la fuite sur le champ de bataille. Il ne se rend pas compte que certains de ses actes, parfois répétés plusieurs fois par jour, sont des péchés extrêmement graves. C’est le cas, par exemple, de l’ingratitude envers les parents : selon les savants, l’on bafoue les droits de ses parents lorsqu’on use envers eux de comportements qui feraient partie des fautes mineures vis-à-vis d’autres personnes mais qui deviennent des péchés majeurs vis-à-vis des parents.[1]
Ainsi, beaucoup de gens bafouent les droits de leurs parents sans se rendre compte qu’ils commettent cette faute. Désobéir aux parents, partir en voyage en les laissant seuls sans avoir obtenu leur accord, leur préférer son épouse ou ses enfants, rechigner à leur obéir (même si l’on finit par le faire), leur manquer de respect, élever la voix en discutant avec eux ou montrer que l’on en sait plus qu’eux, prononcer une expression d’agacement ou les regarder durement, tout cela revient à bafouer leurs droits.
Je connais quelqu’un qui accomplit assidument la prière à la mosquée mais qui a rompu les liens avec sa mère, qui l’invective en des termes qu’il n’oserait jamais adresser à ses amis ou à ses voisins, qui méprise ses parents en s’imaginant être au-dessus d’eux de par son savoir, son intelligence et sa richesse, et qui refuse d’écouter leurs conseils.
Comment celui qui se rend compte qu’il est dans cette situation peut-il en finir avec ce péché majeur ?
D’abord, il doit montrer le plus grand respect à ses parents et faire ce qu’ils lui demandent, tant qu’il ne s’agit pas de transgresser la Loi divine. Dans ce dernier cas, il refusera de faire ce qu’ils lui demandent mais en leur parlant avec respect. C’est ce que Dieu nous ordonne dans le Coran : « Mais si tous deux tentent de te contraindre à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, ne leur obéis pas ; tiens-leur bonne compagnie ici-bas de façon convenable, et suis le chemin de ceux qui se tournent vers Moi. »[2]
Parmi les péchés majeurs figure encore le mensonge. D’après `Abdallâh ibn Mas`ûd (que Dieu l’agrée), le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « La sincérité mène à la bienfaisance et la bienfaisance mène au paradis. A force de dire la vérité, un homme atteint le rang des véridiques. Le mensonge mène à la perversion et la perversion mène à l’enfer. A force de mentir, un homme est inscrit auprès de Dieu comme menteur. »[3]
Le Prophète (paix et salut à lui) a assimilé le mensonge à l’hypocrisie. D’après `Abdallâh ibn `Amr (que Dieu l’agrée ainsi que son père), le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Il est quatre caractéristiques qui font de celui qui les possède un hypocrite total, tandis que celui qui possède l’une de ces caractéristiques possède une part d’hypocrisie jusqu’à ce qu’il s’en débarrasse : trahir lorsqu’on lui a confié un dépôt, mentir lorsqu’il parle, ne pas tenir ses engagements, être de mauvaise foi lorsqu’il se dispute. »[4]
Beaucoup de gens commettent l’erreur de penser que mentir consiste seulement à dire des choses qui ne sont pas vraies. En réalité, il existe de nombreuses formes de mensonge, comme par exemple de forger ou de diffuser des rumeurs. Dieu dit : « Si les hypocrites, ceux dont les cœurs sont malades et ceux qui sèment le trouble à Médine ne cessent pas, Nous te lancerons contre eux et ils ne voisineront plus pour longtemps avec toi. »[5]
L’imam Ibn Kathîr explique « ceux qui sèment le trouble » comme signifiant ceux qui répandent des informations erronées, affirmant par exemple que l’ennemi arrive ou que les combats vont commencer.[6] Il s’agit donc bien de la diffusion de fausses rumeurs malfaisantes par les hypocrites de l’époque et de toute époque.
Répéter toutes les paroles qu’on entend relève également du mensonge. D’après Abû Hurayra (que Dieu l’agrée), le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Il suffit comme mensonge de répéter tout ce qu’on entend. »[7] – Ou, selon une variante : « Il suffit comme péché… »[8] Ce qu’on entend dire peut en effet comporter des mensonges, des rumeurs, de la médisance, des insultes ou tout autre préjudice.
Celui qui commet ce grave péché doit impérativement s’en repentir afin que Dieu lui pardonne durant le plus beau Ramadan. Il faut donc absolument s’attacher à dire toujours la vérité et à éviter le mensonge, même dans ce que l’on considère comme de la plaisanterie. D’après Abû Umâma (que Dieu l’agrée), le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Je garantis une maison au bord du Paradis à celui qui se sera abstenu de polémiquer même quand il avait raison. Je garantis une maison au milieu du Paradis à celui qui se sera abstenu de mentir même en plaisantant. Je garantis une maison dans les plus hauts lieux du Paradis à celui qui aura eu une bonne moralité. »[9]
Un autre hadîth du Prophète (paix et salut à lui) est extrêment important : d’après Abû Hurayra (que Dieu l’agrée), le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Il est bien misérable, celui qui ne prie pas sur moi lorsqu’on prononce mon nom près de lui. Il est bien misérable, celui dont les péchés n’ont pas été pardonnés lorsque le Ramadan est venu et reparti. Il est bien misérable, celui qui a auprès de lui ses parents âgés et qui n’entre pas au Paradis grâce à eux. »[10]
Dans ce hadîth, le Prophète (paix et salut à lui) répète à plusieurs reprises l’expression « il est bien misérable », insistant ainsi sur le fait que ne pas parvenir à obtenir le pardon de ses péchés durant le Ramadan est la pire humiliation pour un musulman. Le pardon divin est un objectif noble que le musulman doit rechercher de toutes ses forces : ne pas atteindre cet objectif, ce n’est pas seulement laisser passer une excellente occasion qu’on avait à sa disposition, c’est aussi subir une perte et une humiliation. En effet, l’occasion d’obtenir le pardon divin durant le Ramadan est beaucoup plus importante qu’aux autres moments : c’est une période où les portes de la récompense et du mérite sont largement ouvertes. Si l’on ne parvient pas à accéder au pardon durant le Ramadan, ce sera d’autant plus difficile en-dehors !
Nous avons donc deux choses à faire pour espérer accéder au pardon :
D’une part, prodiguer tous nos efforts pour jeûner, veiller en prière, réciter le Coran et faire l’aumône, afin que nos fautes mineures soient pardonnées : « …dans la foi et l’espoir de la récompense, ses fautes passées lui seront pardonnées. »
D’autre part, nous repentir particulièrement des fautes les plus graves que nous avons commises dans notre vie. Ce repentir particulier est soumis à des conditions :
Si Dieu vous fait la faveur durant le mois de Ramadan d’accueillir votre repentir pour vos fautes mineures et majeures, et si vous entamez ainsi une page blanche, votre Ramadan aura bien été…
[1] As-San`ânî, Subul as-salâm 2/630.
[2] Sourate 31, Luqmân, verset 15.
[3] Al-Bukhârî, Livre de l’éducation, chapitre de la parole de Dieu : « Ô vous qui croyez, craignez Dieu et soyez avec les véridiques » (sourate 9, at-Tawba, verset 119) et de l’interdiction du mensonge (5743) ; Muslim, Livre de la bienfaisance, de la piété filiale et de l’éducation, chapitre : « Il est mal de mentir et il est bon et méritoire de dire la vérité » (2607).
[4] Al-Bukhârî, Livre de la foi, chapitre : « Les caractéristiques de l’hypocrite » (34) ; Muslim, Livre de la foi, chapitre : « La définition de l’hypocrite » (58).
[5] Sourate 33, al-Ahzâb, verset 60.
[6] Ibn Kathîr, Tafsîr al-qu’ân al-`azîm, éd. Sâmî ibn Muhammad Salâma, Dâr Tayba lin-nashr wat-tawzî`, 2ème éd. 1420H/1999, 6/482-483.
[7] Muslim, Muqaddima de l’imam Muslim, chapitre : « Il est interdit de répéter tout ce qu’on entend » (5).
[8] Abû Dâwud, Livre de l’éducation, chapitre : « La gravité du mensonge » (4992) ; Ibn Hibbân (30) avec une chaîne de transmission validée par Shu`ayb al-Arnâ’ût selon la norme d’al-Bukhârî et Muslim ; authentifié par al-Albânî, voir : at-Ta`liqât al-hisân `alâ Sahîh Ibn Hibbân 1/161.
[9] Abû Dâwud, Livre de l’éducation, chapitre : « Le fait d’avoir une bonne moralité » (4800) ; considéré comme bon par al-Albânî, voir as-Silsila as-sahîha (273).
[10] At-Tirmidhî, Livre des invocations, chapitre de la parole du Prophète (paix et salut à lui) : « Il est bien misérable… » (3545) – il définit ce hadîth comme bon ; Ahmad (7444) – défini par Shu`ayb al-Arnâ’ût comme un hadîth authentique avec une chaîne de transmission bonne ; selon Ibn Hajr, c’est un hadîth bon et authentique. Voir Natâ’ij al-afkâr, éd. Hamdî `Abd al-Majîd as-Salafî, Dâr Ibn Kathîr, 4/24.
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